Changer les politiques agricoles

Depuis longtemps, UPA DI s’intéresse aux politiques qui influencent le développement de l’agriculture familiale : les négociations commerciales internationales, la souveraineté alimentaire, la reconnaissance de la profession agricole, le financement de l’agriculture…

Saviez-vous qu’au Bénin, depuis 2016, le secteur agricole du pays a vu la mise en place par l’État de différentes structures pour l’appuyer? Citons par exemple le Fonds national de développement agricole ou les agences territoriales de développement agricole.

Une étude sur l’environnement porteur du secteur agricole béninois facilitée par le Projet d’appui à la structuration d’une agriculture familiale rentable, équitable, durable permet d’en apprendre davantage à cet égard.

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« Changer les politiques agricoles, une affaire d’endurance »

Parmi les catégories de course à pied, il y a le sprint, le demi-fond, et toutes ces longues courses qui vont au-delà du marathon.

Les actions entreprises par UPA DI s’inscrivent dans la durée. Elles exigent du souffle, de la ténacité, en particulier sur les plans de la souveraineté alimentaire et de la défense de la ferme familiale. SI le travail avance sur le terrain, le poids des discussions multilatérales, à l’échelle internationale, donne quelquefois à penser que rien ne bouge. André D. Beaudoin, fondateur et Secrétaire général d’UPA DI propose de reculer d’un pas, pour mieux comprendre.

Dans les années 1980, il se rappelle avoir bataillé pour ces grands principes, sans écoute aucune. Les initiatives pour mondialiser jusqu’aux denrées agricoles laminaient tout sur leur passage alors que des outils d’aide à la production demeuraient en place. Aujourd’hui, il observe l’inverse : « Toutes ces campagnes de promotion de l’achat local, la sensibilité à la protection de l’environnement montrent le soutien grandissant des citoyens à leur agriculture, mais, les programmes ont disparu, à mesure que les gouvernements ont battu en retraite au profit des  multinationales. Nous avons gagné de l’espace sur la sphère publique et perdu des moyens. »

Deux grands courants pourraient, à son avis, faire progresser la cause : d’abord la question environnementale, à condition qu’il n’y ait pas que les géants qui soient incités à résoudre le problème. Puis, l’enjeu de main d’œuvre.  Dans des pays en développement, où jusqu’à la moitié de la population est âgée de moins de 25 ans, l’agriculture apparaît pour un nombre grandissant de personnes, comme le seul vrai secteur capable de créer des emplois au cœur des territoires. « Cette tendance vers un retour à l’équilibre me donne espoir », nous dit André D. Beaudoin.

Il prend pour exemple le virage du Programme alimentaire mondial (PAM). Si sa stratégie a longtemps été d’acquérir des denrées au plus bas prix possible sur les marchés internationaux, il voit le vent tourner depuis qu’on a décidé d’allouer 15% du budget à l’achat de produits cultivés dans le pays touché, permettant ainsi à l’agriculture locale de soutenir sa population en crise. Pour aider le PAM à atteindre son objectif, UPA DI pousse plus loin l’idée en suggérant la création  de nouveaux partenariats: « C’est ce que nous faisons en Haïti avec le projet d’économie circulaire. L’idée étant de sensibiliser le PAM et de former nos organisations paysannes pour ajuster l’offre, l’augmenter et répondre à la demande. C’est un exemple d’évolution dans le bon sens. »

Et c’est aussi la preuve que le temps vous récompense, si vous savez patienter.