Les pieds sur terre

J’ai la chance d’être à la fois président général de l’Union des producteurs agricoles et président du conseil d’administration d’UPA Développement international. L’Union des producteurs agricoles s’investit auprès des organisations paysannes des pays avec lesquels nous travaillons depuis plus de 25 ans. Une des caractéristiques de l’Union des producteurs agricoles est bien d’avoir les pieds sur terre! C’est le thème du rapport annuel d’UPA DI cette année : « Les pieds sur terre ».

Notre façon d’intervenir auprès des organisations paysannes est pragmatique, à l’image des producteurs et productrices agricoles qui travaillent tous les jours avec la nature. Nous nous adaptons à leurs besoins, on marche avec eux, on travaille à bien les comprendre et ils font leurs choix, car comme nous, ils veulent assurer la pérennité de l’agriculture familiale dont dépend leur communauté.

Les Nations Unies ont décrété que la décennie actuelle est celle de l’agriculture familiale, réaffirmant que ce modèle agricole est le meilleur moyen d’assurer la sécurité alimentaire et de faire face aux nombreux défis que les populations moins bien nanties auront à relever. Les changements climatiques et leurs conséquences, l’accès aux terres pour les jeunes générations et la conservation des terres dans les patrimoines nationaux sont des enjeux présents chez nous, mais encore plus importants dans les pays moins développés.

Toujours dans le but d’être la plus pertinente possible, UPA Développement international a mené une série de consultations en vue de l’élaboration de son plan stratégique. Cette planification va nous permettre de mieux cibler et structurer nos actions pour poursuivre notre travail auprès des organisations paysannes partenaires d’UPA DI.

Je vous invite donc à prendre connaissance de notre rapport annuel. J’en suis très fier. Précisons que depuis plusieurs années, UPA Développement international œuvre à soutenir le développement de l’agriculture familiale en accompagnant les femmes. Cela correspond aux efforts et à la volonté du gouvernement canadien qui soutient nos interventions. Lorsque l’on aide une agricultrice à améliorer ses récoltes et ses revenus, c’est toute sa famille et toute sa communauté qui en bénéficient.

En terminant, merci à M. André D. Beaudoin, le secrétaire général d’UPA Développement international, ainsi qu’à toute son équipe qui travaillent vraiment très fort au succès de l’organisation. Merci également aux membres du conseil d’administration, particulièrement à nos membres externes, Mme Hélène Raymond, M. Rémy Trudel et M. Luc Morin qui, grâce à leur expérience, apportent une contribution importante et précieuse à l’organisation. Enfin, merci à tous les producteurs et productrices agricoles du Québec qui soutiennent collectivement UPA DI et particulièrement à ceux et celles qui se sont déplacés durant la dernière année sur le terrain pour communiquer leur savoir, le savoir des gens de la terre. La terre est un grand village, soyons solidaires.

Je suis Olga Navarro-Flores. Professeure au Département management et technologie de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, je fais partie du groupe de recherche, le GESQ, le Groupe d’économie sociale et solidaire du Québec. Comme membre du GESQ, je suis la directrice de l’évaluation institutionnelle que l’on mène pour UPA DI depuis l’automne 2018.

Quels sont les constats de l’évaluation institutionnelle d’UPA DI?

Il y a beaucoup de positif. Je ne dirais pas qu’il y a du négatif, c’est plutôt des réflexions à suivre, des défis pour l’avenir. D’après les témoignages des gens que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant, les types de partenariats qu’UPA DI établit avec ses partenaires dans les pays en voie de développement sont à l’image d’UPA DI, en ce sens qu’UPA DI est un mouvement social au Québec. Il est très bien enraciné dans l’histoire du mouvement paysan québécois et ses partenaires; ce n’est pas un hasard, ses partenaires sont aussi des organisations qui font partie d’un mouvement paysan au Sénégal, au Burkina Faso, en Haïti, etc. C’est un mouvement social qui est aussi très enraciné dans les différentes régions des pays où ils sont. Ce sont des partenariats qui ressemblent à UPA DI parce que ce sont des partenariats qui se basent sur le respect fondamental des besoins exprimés des paysans et des paysannes. Et ça, c’est quelque chose que les gens me disaient constamment : « C’est un accompagnement de paysans à paysans. On est, on travaille avec nos frères de terre ». Il y a d’autre chose, par exemple, très important aussi, c’est la fierté des hommes et des femmes de dire que c’est un mouvement où les femmes ont une place importante dans le leadership, non seulement le leadership des filières, par exemple, les associations de rizières sénégalaises, si je ne me trompe pas. C’est aussi un leadership au sein des organisations régionales ou nationales. Il y a une place très importante. Maintenant, les femmes ont parcouru tout un chemin et ils reconnaissent que cela a été, entre autres, grâce au partenariat avec UPA DI.

Et quels sont nos défis?

Dans les commentaires qui représentent plus les défis à venir, il y a le leadership des jeunes. Par exemple, comment et de quelle façon retenir les jeunes en campagne, retenir les jeunes dans les exploitations familiales paysannes, les exploitations agricoles familiales. Et je pense que ce serait intéressant d’explorer deux niveaux. Un, concerne le leadership des jeunes. Comment préparer la relève, les inclure, les jeunes hommes et les jeunes femmes, pour qu’ils prennent des positions, des prises de décision au sein de leurs organisations. Une autre partie qui est aussi importante passe par l’éducation, la formation des métiers. Ce n’est pas seulement les métiers liés directement à l’exploitation agricole, mais tous les métiers d’accompagnement à l’exploitation agricole et ça, c’est très important. L’autre défi qui est très important c’est de continuer à former les femmes pour qu’il y ait de plus en plus de femmes et non pas la femme qui représente les femmes dans les conseils d’administration. Un autre enjeu qui pourrait aussi être intéressant d’analyser à moyen terme, c’est la capacité des leaders du mouvement paysan des pays partenaires d’UPA DI à analyser les enjeux nationaux, régionaux, internationaux qui touchent l’option agricole. Non seulement à analyser, mais aussi à proposer des politiques qui vont favoriser la situation du mouvement paysan dans les différents pays.

Donc, pouvons-nous dire qu’UPA DI a les pieds sur terre?

Moi, je dirais que plus que les pieds sur terre, UPA DI a des racines très profondes. Et ce sont ces racines-là qui assurent les pas d’UPA DI, assurent les pas vers un développement durable, soutenable pour les familles ici au Québec, mais c’est aussi cet ancrage qui est fondamental pour avoir les pieds sur terre dans les pays en voie de développement avec les partenaires.